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fourreau, au milieu des horreurs de la guerre civile. Cet O’Connell, jusqu’alors miraculeusement grand dans son succès en faveur de l’émancipation, fut-il bien logique, quand il retenait suspendus les bras de sept millions d’hommes, de leur dire : je veux le rappel de l’Union. Je ne veux pas attendre à demain, je veux l’avoir aujourd’hui. Je vous jure que vous l’aurez ; que vous l’aurez dans la prochaine session, hommes aux bras de fers, aux grands cœurs, aux larges poitrines, gonflées de plus justes colères, qu’aucune de celles qui en aucun autre tems, en aucune autre lieu, ont châtié les tyrannies légères des Nérons, de tous les âges ; oui, légères comparativement à celles que, esclaves héréditaires, vous supportez depuis des siècles. Quand vous voudrez souffler sur votre ennemi, vous délivrerez de son odieuse présence la surface entière, de la terre la plus fertile, la plus travaillée, par la plus affamée population, qu’il y ait au monde.

Quand je le voudrai, votre souffle vengeur sur l’envahisseur saxon, qui seul est la cause que vous êtes chaque année décimés par la peste et par la faim, le jettera dans la mer, plus facilement que l’ouragan n’y noie la balle de froment, que vous faites croître ; non pas pour qu’il sauve votre femme, ou votre mère, ou vos enfants, de la mort par la famine ; mais pour qu’il fournisse aux fastueuses superfluités, que vos maîtres impitoyables étalent et dissipent, à l’étranger, en bacchanales et en débauches. Quand vous aurez le rappel ; la vie et l’abondance renaîtront