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Voilà la position humiliante et fausse dans laquelle, sur des piédestaux très élevés, mais cimentés d’artifices et de sophismes, sont installés les clergés, sous les gouvernements qui veulent l’alliance intime de l’État et de l’Église. De l’État qui, dans l’Église ou hors de l’Église, ne peut bien veiller qu’aux seuls intérêts temporels des hommes, dès qu’on est assez juste et éclairé pour reconnaître qu’en matière de religion, chacun doit conserver son libre arbitre, dépendre de Dieu seul et de sa conscience, et non pas de la loi civile. De l’église fondée par celui qui a dit que son royaume n’était pas de ce monde ; de l’église qui ne peut bien veiller qu’aux intérêts spirituels, aux intérêts d’avenir et d’heureuse immortalité, qu’elle promet, à ceux qui sont ses disciples volontaires et croyans. Telle est la masse reconnaissante de nos cultivateurs à l’égard de ses pasteurs.

Grâce à Dieu, nos cultivateurs ne sont pas moulus et mouturés, comme le sont les ouailles d’un clergé d’état. Pour un travail de toutes les heures du jour ou de la nuit, à chaque instant où l’on vient demander son aide, notre clergé reçoit une rétribution modérée, de ceux qu’il chérit et dont il est chéri ; qu’il instruit, parce qu’ils aiment à l’entendre.

Notre clergé sort du peuple, vit en lui et pour lui ; est tout par lui, n’est rien sans lui. Voilà une alliance indissoluble. Voilà l’Union qui fait la force ; parce qu’elle est libre et indigène ; non forcée ni d’importation. Voilà un gage d’indestructibilité pour une nationalité, qui est gui-