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dont quatre de 24, quatre de 18, et quatre de 12. Tous ces ouvrages, ainsi que les brûlots et grande quantité de cajeux, seront prêts avant que l’ennemi se soit trouvé devant la ville.

Nous apprîmes que les Anglais avaient fait leur descente à l’Isle aux Coudres, et s’y étaient établis.

9 — Il s’est fait un détachement d’environ 60 sauvages Abénakis, et de 60 Canadiens, commandés par M. de Niverville ; le sieur Desrivières, qui arrivait de France, fut avec lui en qualité de volontaire.

Les sauvages s’amusèrent à l’Isle d’Orléans à manger des bœufs et des moutons qu’on y avait laissés : l’Île d’Orléans ayant été abandonnée avec une précipitation qui ne fait pas honneur à celui qui était chargé de ce faire. Il en fut de même de la côte du Sud depuis la Rivière-du-Loup jusqu’à la Pointe Lévy.

Le sieur Desrivières, qui ne voulait point revenir sans rien faire, se détacha avec sept Canadiens de l’Isle aux Coudres qui s’étaient réfugiés à St. Joachim et s’en fut dans l’Isle où il se mit en embuscade.

10 — Ils ont pris trois jeunes gens, dont un petit fils du commandant de la flotte des sept gros vaisseaux, un garde-marine et un autre officier passant à cheval par leur ambuscade pour aller placer le pavillon anglais sur une éminence, qui eurent leurs chevaux tués sous eux et furent faits prisonniers.

12 — Ces trois jeunes gens furent amenés à Québec, dont, le petit fils du commandant ayant été tiré à part, se trouva parler bon français.

Ils furent interrogés et par leurs dépositions ils nous annoncèrent le siége de Québec ; qu’ils devaient avoir vingt-cinq vaisseaux de ligne, douze frégates et deux cents bâtiments de transport ; qu’ils devaient avoir vingt mille hommes de descente : qu’on regardait comme sûre la prise de Québec, pensant que toutes nos réglées (troupes réglées) étaient à Carillon où elles seraient battues par trois mille hommes qui devaient se joindre à la flotte ; et ils comptaient cette opération déjà faite.

Ces jeunes gens furent traités honorablement pendant sept à huit jours à Québec, et ensuite on les envoya avec distinction aux Trois-Rivières. Ils louèrent l’adresse des Canadiens d’avoir tué leurs chevaux sans leur avoir fait de mal.

14 — Nous apprîmes qu’ils (les Anglais) avaient voulu descendre deux berges à la Baie St. Paul, qui avaient été repoussées par les habitants.

Depuis le 14 jusqu’au 20 juin, il fut fait différents préparatifs pour recevoir les ennemis dont nous avions appris que plus de soixante voiles avaient fait la traverse.