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mit derrière eux. Aussitôt ils démasquèrent une batterie de 30 pièces de canon. Ils firent un feu considérable de cette batterie et de ces trois vaisseaux. On estime qu’ils ont tiré plus de 2,500 coups de canon depuis 6 heures du matin jusqu’à 5 heures du soir. De ce feu continuel nous n’avons eu que quatre hommes de tués et environ quinze blessés. Pendant cette canonnade à laquelle nous répondions avec trois pièces de canon que nous avions, qui formaient une petite redoute, laquelle perça la première frégate de plus de trente boulets, à raz d’eau, étant échouée et lui voyant sa quille. Environ 300 berges (anglaises) partirent de l’Île d’Orléans et de la Pointe Lévis, et se mirent sur trois lignes entre les deux bâtiments échoués.

On ne douta point au camp que l’action ne devint générale ; pour cet effet M. de Montcalm se porta au Sault où était M. de Lévis. Sur les cinq heures, 2,000 Anglaiis mirent pied à terre, à basse mer, de leurs berges, marchèrent avec bonne contenance et précipitation à ls redoute et batterie que nous avions, et qui avait été abandonnée une demi-heure auparavant faute de boulets. Ils s’en emparèrent, mais voulant avancer aux retranchements ils furent reçus par un feu canadien réitéré d’environ 1,500 coups de fusils, lesquels Canadiens étaient soutenus par 1,500 hommes de troupes réglées. Le reste du camp de Beauport et les Canadiens du passage étaient de file et nous avions environ 12,000 hommes de rendus ; mais ce qu’il y a de singulier, presque plus de balles au camp. Heureusement, que ces 2000 furent si bien reçus qu’ils se rembarquèrent dans leurs berges avec la même précipitation qu’ils en étaient sortis. 5000 Anglais qui marchaient d’un pas grave, et en bon ordre, et qui passaient le Sault à gué en ordre de bataille, n’avancèrent qu’à deux portées de fusil, et se retirèrent, quand ils virent ceux des berges se rembarquer. Quel bonheur qu’ils ne savaient pas qu’il n’y avait point de balles au camp ! Quelle négligence qu’il n’y en eut point, et quel malheur s’il y en avait eu, que les Anglais n’eusseut point continué leur attaque. Ils s’enfournaient dans une bourse, commandée par une hauteur dont ils ne pouvaient plus sortir. Dans cette œuvre, les Anglais ont perdu 200 hommes, et autant de blessés. Nous en avons fait enterrer 83. Il a été apporté au camp 260 fusils ; bien d’autres ont été emportés à la marée montante. Un capitaine écossais a été fait prisonnier ; il était blessé de 4 balles dont 3 dans le corps, sans paraître l’être dangereusement. Nous avons perdu environ 10 hommes et une vingtaine de blessés.

Le même jour, nous attendîmes dans le quartier St. Roch un grand cri de femmes et d’enfants qui criaient Vive le Roi ! Je montai sur la