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trois frégates étaient mouillées au nord ; elles appareillèrent pourtant et furent prendre son brûlot qu’elles échouèrent sur Beaumont.

« Des six autres il n’y en eurent que quatre qui mirent le feu entre les deux pointes, dont le sieur Dubois le meilleur, — qui mit le feu au premier et qui sauta, — les deux autres le mirent à la vue de Québec, de sorte que les Anglais qui furent, dans le commencement, consternés, criaient hourrah ! et se moquaient de nos opérations.

« 30 — Les ennemis parurent à la vue de Québec et mouillèrent deux frégates et un bateau dans le bassin (le port) hors de portée du canon. Il est bon d’observer que, depuis l’arrivée de la flotte anglaise, chacun fut à son département, et la compagnie de réserve ne fut point oubliée.

« 1er  Juillet. Les Anglais députèrent un officier dans un canot de la frégate, qui fut arrêté au millieu du bassin par deux canots qui furent au devant de lui. Ils leur remirent une lettre par laquelle ils donnaient avis qu’ils avaient pris plusieurs dames acadiennes à Miramichi, dont madame Pomeray, madame St. Villemin étaient du nombre, ainsi que madame Beaumont, sa fille et sa bru, qu’ils avaient renvoyés et qu’ils étaient prêts de renvoyer les autres, et s’informèrent des trois prisonniers de l’île aux Coudres.

« Le même jour, le Chevalier Le Mercier fut chargé de la réponse qu’il porta à bord de la première frégate qui avait été envoyée au devant de lui. Elle contenait, que M.  le général ne doutait point de la politesse de l’Amiral pour les dames ; qu’il le remerciait ; qu’il avait traité les prisonniers avec distinction, et qu’aussitôt que l’Amiral aurait la bonté de l’informer de son départ, qu’il les lui renverrait.

« Il est à observer que les Anglais s’étaient emparés de l’Isle d’Orléans où ils paraissaient avoir fait leur descente générale et s’y campèrent. Le même jour nous apprîmes que M. de Léry, qui avait été détaché pour faire évacuer les habitants de la côte du sud, avait été surpris avec ses habitants par des Anglais qui étaient descendus à Beaumont ; malgré leur surprise, ils se jetèrent sur leurs armes, tuèrent deux Anglais et se sauvèrent. Nous n’avons perdu que deux hommes qu’on ignore s’ils sont tués ou prisonniers. M. de Léry a perdu son épée et plusieurs papiers qu’il avait étalés sur une table.

« Depuis le 20 juin jusqu’au 1er  juillet, il nous est descendu environ 300 Outaouais, et 400 Iroquois et Abénaquis.

« Sur la nouvelle de la descente des Anglais à Beaumont, M. Charest, zélé patriote, demanda à M.  le Général du monde pour aller au devant des Anglais, et empêcher leur établissement à la Pointe-Lévy. On lui fit réponse qu’il pouvait y aller s’il le jugeait à propos. Il y