Page:Panckoucke - Le grand vocabulaire françois, 1774, T30.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée

NP

nes, contufons, plaies, piqûres & autres accidens femblables. Cerre graifle tient lieu des collyres les plus | vantés contre lesaffections des yeux: | Jorfqu'il ne s’agit que de fortifier la | vue & de dilliper la trop grande abondance d'humeurs qui affluent dans l'œil & qui l'incommodent ; on fe contente d'oindre les paupières avec ce linimenr. Mais lorfqu'il eft queftion de remédier à des maladies plus prellantes , il faut alors en faire diftiller une goutte ou deux dans l'œil. C’eft un excellent lénitif, un déterfif, un confolidant : c’eft un fpécifique pour les raches , les taies

les yeux , & les excroiflances mem- braneufes qu’y laiffe fouvent la pe- tite vérole. Cerre graifle a cela de

articulier, que quoiqu'elle foitaulf hide que de l'huile , lorfqu’elle a féjourné quelque tems dans l'œil, elle en fort épaiffe & en forme de beurre blanc , parce qu'elle a appa- remment la propriété d'abforber les humeurs âcres & falines, d'où il réfulte une efpèce de favon ; ou qu'étant déterfve , fans être mordi- cante , elle s’unit à toutes les impu- retés quis'y crouvent, Ses effets fa- lutaires ne fe bornent point aux ma- ladies des yeux ; Wedel dit en avoir fait prendre avec fuccès intérieure- ment aux phchifiques. Cette graille eft encore un bon cofmétique, pro- ge àeffacer les rides du vifage &

embellir le teint. On fe fert de l'huile de vipère pour guérir les dartres , la gratelle & les autres vi- ces de la peau. La chair de la vipère eft un des principaux ingrédiens qui entrent dans la thériaque. On fait venir des vipères de plufeurs provinces du Royaume , mais principalement du Poitou : on les apporte ou vivantes dans du fon, ou fèches par paquets |

Vare $

d'une douzaine. On renferme ces dernières dans des vaifleaux qui contiennent du vif argent, ou de Fabânthe , pour les garantir des vers + il faut qu'elles n'aient point de taches de noirceur; ces taches indiqueroient qu'elles font mortes d’ellesmèmes. Il y a plufeurs pré- parations de vipères qui nous vien- nent de Montpellier, de Padoue, & auxquelles on a donné le nom de trochifques où de pafilles de vipères, qui ne font que des vipères deffe- chées réduites en poudre, & miles avec de la poudre adragante en for- me de patilles, ointes de baume du Pérou pour les conferver.

VIPÉREAU ; fubitantif mafculin. Le petit d’une vipère.

VIPÉRINE; fubitantif féminin. Plante qu'on appelle autrement herbe aux vipères. Voyez HERBE AUX VIPÈRES.

VIPÉRINE VIRGIENNE ; VOyez SER- PENTAIRE DE VIRGINIE.

VIRAGO ; fubftantif féminin du ftyle familier, & quine fe dir de par dérifion pour défigner une fille ou Femme de grande taille, qui a l'air d’un homme. C’efi une grande virago.

VIRBIUS ; Nom que Diane fit porter à Hippolite lorfqu’elle leur rappelé à la vie, comme fi on difoit deux fois Aomme, La Déeffe en le retirant des enfers, le couvrit d’un nuage pour ne pas donner de la jaloufie aux autres ombres ; mais craignant le courroux de Jupiter , qui ne per- met pas qu’un mortel une fois def- cendu dans les enfers revienne à la lumière, & voulant aufi mertre en süreté les jours d'Hippolite con- tre les perfécutions de fa marâtre, elle changea les traits de fon vifage, le fit paroître plus âgé qu'il n'éroit , pour le rendre entièrement mécon- noïffable , & le rranfporta dans une forêt d'Italie qui lui a été confacrée