Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 1.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 362 —

nuit, ils rentrent en prison on les fait tous coucher les uns à côté des autres, on fait passer une longue chaîne dans un gros anneau de fer qu’ils ont à la jambe, le bout de la chaîne s’attache à un poteau avec un gros cadenas, de sorte qu’enchaînés ainsi les uns aux autres, ils ne peuvent pas se tourner, ils sont obligés de faire là leurs nécessités et de rester ainsi dans l’ordure et la vermine jusqu’au lendemain. Qu’on s’imagine tout ce qu’ont à souffrir ces malheureux dans une atmosphère fétide, par une chaleur de trente à trente-cinq degrés ! Ajoutez à cela les disputes, les injures, les malédictions, les paroles sales et les mauvais traitements des geôliers qui ont l’art de faire souffrir les prisonniers afin d’en extorquer quelques pièces de monnaie. Tout cela ne donne encore qu’une faible idée de ces tristes cachots ; aussi, une personne qui avait passé là une vingtaine de jours me disait : Père ! je ne crois pas que l’enfer soit plus horrible que la prison. Ceux qui sont jetés en prison pour dettes n’y restent pas longtemps, parce que leurs parents et leurs amis font tout leur possible pour payer leurs dettes et les faire sortir ; mais ceux qui y sont pour vol ou autres crimes ne peuvent être libérés que par un ordre formel du roi, et cependant un grand