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Ceux qui ont pris goût à l’arak en conçoivent une soif insatiable ; il paraît que cette liqueur perfide a dans sa composition quelque chose qui stimule la soif sans jamais l’étancher. Aussi, voit-on des malheureux qui ne gagnent qu’une vingtaine de sous par jour dépenser tout en arak ; la femme est obligée d’emprunter pour nourrir la famille, et au bout de deux ou trois ans le buveur se trouve dans la nécessité de vendre femme et enfants. Quelquefois même, et le cas n’est pas très-rare, on voit de ces ivrognes perdre la vie par suite d’une profonde ivresse qui coagule leur sang, et en arrête la circulation. En distillant l’arak avec des semences d’anis étoilé, les Chinois font une anisette très-forte, agréable, et qui n’a pas les inconvénients de l’eau-de-vie de riz toute seule.

Depuis une trentaine d’années l’opium, qui était inconnu à Siam, s’y est introduit malgré les efforts du gouvernement. Le nouveau roi s’est vu obligé d’en laisser le monopole aux Chinois, en portant toutefois des lois très-sévères contre les Siamois qui en feraient usage ; ainsi il est statué que les Thai qui s’adonneront à l’opium, seront condamnés à porter la queue chinoise, et soumis à une