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ou par la fenêtre, il enlève les gâteaux et les bananes des mains des enfants ou même des vieilles femmes, il va dans la cuisine soulever les couvercles des pots et des marmites, et quand il a trouvé trop de butin pour un jour, il va en cacher une partie sous les feuilles du toit ou dans un creux d’arbre ; quelquefois une troupe de ces brigands se réunit pour attaquer des pigeons, des geais ou autres oiseaux un peu plus faibles qu’eux. Quand on donne à manger aux poules, aux chats ou aux chiens, ce sont toujours les corbeaux qui en prennent la meilleure part, de sorte qu’on peut dire qu’ils sont un vrai fléau pour le pays, quoique d’autre part ils soient fort utiles en purgeant le pays d’une foule d’animaux nuisibles et des matières animales en putréfaction. Mais, me direz-vous, ne peut-on pas se débarrasser de ces visiteurs importuns ? Cela n’est point du tout expédient, car si vous leur lancez une pierre, ils pirouettent un instant et reviennent se placer plus près en tirant de leur gosier une sorte de gazouillement qui a tout l’air d’une moquerie ; si vous en tuez un d’un coup de fusil, la détonation attire un millier de corbeaux du voisinage qui se mettent à crier tous ensemble en voltigeant et ils vous donnent un charivari épou-