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sentant la faim, elle se met à crier presque continuellement ; les loutres accourent en foule à ses cris ; les gens de la barque leur lâchent deux ou trois coups de fusil, prennent les loutres qu’ils ont tuées et vont un peu plus loin recommencer leur opération. Quelqu’un m’a dit avoir tué de cette façon cent cinquante loutres dans une tournée de huit jours.

Le lièvre est très-commun aux alentours des bois ; mais pour les Siamois c’est un gibier si petit que personne ne songe à le chasser ; j’en ai cependant mangé plusieurs que mon chien m’apportait d’un petit bois voisin de notre église à Juthia. À propos de lièvre, disons en passant que les Siamois lui attribuent beaucoup d’esprit et d’astuce : ils ont sur le lièvre une foule de contes qui le représentent comme le plus adroit et le plus rusé de tous les animaux ; c’est encore un lièvre qu’ils voient dans les taches de la lune.

Les rats pullulent dans ce pays ; il n’y a pas de maison qui n’en soit infestée. Outre les souris et les rats ordinaires, il y a les rats musqués qui sont beaucoup plus gros et qui répandent une puanteur nauséabonde. L’engeance des rats fait aussi un terrible dégât dans les plantations et dans les champs.