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CHAP. XXXIV.

Orphée (1).

C’est aussi une fable absurde que ce que l’on raconte d’Orphée, que les quadrupèdes, les oiseaux et les arbres accouraient aux sons de sa lyre. Voici comment je crois que les choses se sont passées : les Bacchantes dans leur délire ayant détruit des troupeaux de moutons dans la Piérie et commis beaucoup d’autres excès, se dirigèrent vers la montagne où elles restèrent plusieurs jours. Les habitants du pays voyant qu’elles ne s’en allaient pas et craignant qu’il n’arrivât malheur à leurs femmes ou à leurs filles, prièrent Orphée d’imaginer un moyen de chasser les Bacchantes de la montagne. Orphée ayant donc organisé des orgies en l’honneur de Bacchus, dirigeait les Bacchanales au son de sa lyre : les Bacchantes descendirent de la montagne en portant pour la première fois, des thyrses et des branches d’arbre de toute espèce, de sorte qu’en regardant avec étonnement cet étrange spectacle, on était tenté de croire, au premier coup d’œil, que c’étaient des arbres qui marchaient ; et l’on disait que la forêt descendait de la montagne aux sons de la lyre d’Orphée. Telle est l’origine de la fable (n).

(1) (V. les Métam. d’Ovide, liv. X, v. 86-144 ). Apollodore rapporte en deux mots la tradition dont il s’agit ici avant de parler de la descente d’Orphée aux enfers (liv. 1er, chap. 2, p. 5, édit. de Heyne), V. aussi Dion Chrysosthôme (discours LIIIe sur Homère, tom. 2, p. 277, édit. Reiske) ; Ératosthènes, dans ses Catastérismes (chap. 24, p. 115 des opusc. mythol.) et Hyginus (au no VII de ses Astronomiques, p. 438 de Van Staveren). Diodore de Sicile intercale toute l’histoire fabuleuse d’Orphée, au milieu des travaux