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(2) Nom du vaisseau qui portait les Argonautes. C’est le plus ancien sujet connu des poésies héroïques ou épiques : les poèmes d’Apollonius de Rhodes et de Valerius-Flaccus ne sont que des imitations de ceux qui avaient été faits même avant Homère.

(3) Héraclite (fable 24, p. 77 des opusc. myth.) en donne une toute autre explication. Selon lui Bélier était le précepteur de Phrixus, il l’aida, ainsi que sa sœur Hellé qui périt dans la traversée, à fuir les embûches de leur marâtre Io (il faut lire Ino) Æétès s’étant pris d’une infâme passion pour Phrixus, Bélier s’efforça de conserver la pureté des mœurs de son jeune élève ; mais Æétès fit écorcher l’importun Mentor et sa peau fut ignominieusement attachée à un poteau. On l’appela la peau d’or à cause de l’incorruptible fidélité de l’homme auquel elle avait appartenu.

Diodore de Sicile, après avoir rapporté la tradition mythologique, donne une explication d’après laquelle le vaisseau qui portait Phrixus et Hellé aurait eu, à la proue, la tête d’un bélier. Il ajoute ensuite une autre tradition qui a quelque rapport avec l’explication d’Héraclite : un roi Scythe, gendre d’Æétès, étant allé à Colchos dans le temps où Phrixus y avait été amené avec son précepteur, demanda et obtint d’Æétès qu’on lui livrât Phrixus qu’il aimait, et immola le précepteur Bélier (liv. IV, chap. 47, p. 133-135, tom. 3, édit. de Deux-Ponts).

L’ancien Scholiaste d’Apollonius de Rhodes mentionne aussi des circonstances qui s’accordent avec ces traditions : sur le v.256 du liv. 2 des Argon. (p. 563, tom. 2 de l’édit. de Schaëfer), il dit que l’opinion de plusieurs auteurs était, que le vaisseau de Phrixus et d’Hellé avait une tête de bélier à sa proue ; et, sur le v. 1 19 du liv. IV, il rappelle que Denys, dans ses argonautiques, attribuait à Bélier, précepteur de Phrixus, l’avis salutaire qui l’avait soustrait aux vengeances de sa marâtre (ibid. p. 579).

Lucien (de l’Astrologie $ 14, p. 211, tom. 5 de Lehman) croit que Phrixus s’élevant dans les airs, monté sur un bélier, désigne un astronome qui s’élève par la pensée aux plus sublimes contemplations.