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l’amour de Pélops donnèrent à ce dernier des chevaux immortels (Lucien, Charidème, tom. 9, p. 267-269, édition de Lehman).

On trouve des allusions à cette fable dans l’Art d’aimer, d’Ovide (liv. II, v. 7 et 8), dans l’Ibis (v. 365-370) dans le liv. IV de la Thébaïde de Stace (v. 243-244).

CHAP. XXXI.

Phrixus et Hellé (1).

On rapporte qu’un bélier révéla à Phrixus que son père avait l’envie de l’immoler ; que Phrixus prit sa sœur avec lui ; qu’ils montèrent tous deux sur le bélier et traversèrent ainsi la mer, pour aller jusques dans le Pont-Euxin. Il est bien difficile de croire qu’un bélier ait pu naviguer ainsi comme un vaisseau et surtout chargé de deux personnes. Et où auraient-ils eu à boire et à manger pour eux et pour le bélier, car enfin ils n’ont pas pu rester si longtemps sans prendre de nourriture ?

Phrixus ayant ensuite immolé l’animal auquel il devait son salut et l’ayant dépouillé de sa peau, aurait fait don de cette toison à Æétès, pour obtenir sa fille. Or, AEétès était alors roi de Colchos, et voyez un peu comme les toisons étaient rares dans ce temps-là, pour qu’un roi se soit contenté d’en recevoir une en échange de sa propre fille, estimant son enfant à si bas prix. Il y en a qui, pour sauver le ridicule de ce conte, disent que cette toison était d’or : mais si cela était vrai, il n’était nullement convenable qu’un roi reçut un pareil présent de son hôte. On ajoute que ce fut pour aller à la conquête de cette toison, que Jason équipa Argo (2) et réunit les principaux Grecs ; mais, d’abord, Phrixus n’aurait pas été assez ingrat pour ôter la vie à son bienfaiteur, et, en suite, la toison eût-elle été d’émeraudes, on n’aurait pas