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cela, c’est que Pélops était venu par mer ; que des chevaux ailés étaient peints sur son vaisseau, et, qu’après avoir enlevé la jeune fille, il s’enfuit avec elle dans ce vaisseau, ce qui donna naissance à la tradition  (1).

(1) Diodore de Sicile, sans faire aucune mention de la fable des chevaux ailés, nous fournit une explication qui est appuyée sur un fait historique bien constant, la haute antiquité des courses de char dans l’Élide. Ænomaüs, roi de l’Élide et de Pise, n’avait qu’une fille nommée Hippodamie, mais un oracle ayant prédit qu’elle mourrait dès qu’elle se marierait ; pour la soustraire aux importunités des prétendants, Ænomaüs leur proposait une course de chars depuis Pise jusqu’à l’Isthme de Corinthe : le vainqueur devait obtenir la main d’Hippodamie ; Ænomaüs monté sur un char trainé par d’excellents chevaux, tuait les vaincus de sa propre main. Pélops gagna l’écuyer d’Ænomaüs nommé Myrtile et arriva le premier à l’autel de Neptune qui était le but désigné à l’Isthme de Corinthe et parvint ainsi à épouser Hippodamie (Diod. liv. IV, chap. 73, tom. 3, p. 209-211, édit. de Deux-Ponts). Hyginus rapporte l’histoire comme Diodore, sauf qu’il ajoute que Pélops, dans la crainte de voir révéler la fraude qu’il avait employée, précipita Myrtile dans la mer qui fut appelée Mer Myrtéenne (fable 84, p. 160-163 des Mythographes latins de Van Staveren). C’est à cette circonstance qu’Ovide fait allusion dans ses imprécations contre Ibis :

                      Proditor ut saevi periit auriga tyranni
                          Qui nova myrtoœ nomina fecit aquae.

                                                      (In ibin. v. 369-370).

Lucien dans le dialogue intitulé Charidème, où il reproduit divers entretiens sur le pouvoir de la beauté, rapporte aussi l’histoire d’Hippodamie à peu près comme Diodore et Hyginus. Mais Ænomaüs y est représenté, comme guidé par la jalousie et non par le désir de conserver sa fille. Il la faisait monter elle-même dans le char des prétendants, afin que préoccupés du plaisir de voir la belle Hippodamie, ils oubliassent les soins de la conduite de leurs chars ; mais les Dieux prenant pitié du sort d’Hippodamie et de