Page:Palephate - Histoires incroyables (trad. Van Eulst), 1838.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 15 —


CHAP. IV.

Des chevaux anthropophages de Diomède (1).

On a dit aussi que les chevaux de Diomède mangeaient des hommes ; mais c’est un conte ridicule, car cet animal aime beaucoup mieux l’orge et le foin que la chair humaine. La vérité est que les hommes d’autrefois travaillant tous par eux-mêmes, pour se procurer leurs aliments et n’étant riches que des produits de leur culture ; celui-là s’était avisé de nourrir des chevaux, et y trouvait tant de plaisir qu’il perdit tout ce qu’il possédait pour satisfaire sa fantaisie. Quand il eut tout vendu pour nourrir ses chevaux, ses amis dirent qu’ils avaient mangé leur homme : et telle est l’origine de cette fable (2).

(1) Ovide rappelle en trois vers pleins d’énergie les principales circonstances de cette fable, dans le discours qu’Hercule adresse à Junon au moment où il se sent embrasé des feux de la robe du Centaure Nessus. (Métam. liv. IX, v. 194-196).

(2) Diodore de Sicile dit qu’Hercule donna leur propre maître à manger aux féroces cavalles du Thrace Diomède, en punition de ce qu’il leur avait appris ainsi à se repaître de chair humaine, et afin de s’en rendre maitre. (Liv. IV, chap. XV, p. 50-51, tom. 3, édit. de Deux-Ponts) ; Apollodore fait tuer Diomède par Hercule après l’enlèvement des chevaux qui avaient dévoré l’ami d’Hercule, Abdère préposé à leur garde : Hercule fonda la ville d’Abdère en commémoration et auprès du tombeau de son ami. (Biblioth. lib. 11, c. 5, § 8, p. 78, édit. in-8o  de Heyne 1803), un fragment de Ptolémée Héphestion atteste aussi l’attachement d’Hercule pour Abdère, frère de Patrocle. (P. 29 de l’édition in-8o  de M. Roulez), c’est donc contrairement aux anciennes traditions qu’Hyginus dit qu’Hercule tua les cavalles de Diomède avec leur gardien Abdère (fable 30 des 12 travaux d’Hercule, Mythogr. lat. de Van Staveren, p. 86), la fable 31 d’Héraclite (Collection de Thom. Gales, p. 79) n’est que le sommaire du récit de Diodore et d’Apollodore.