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charge pour lancer de nouveaux traits, et de cette manière ils parvinrent à les tuer. On les appela Centaures (dardeurs de taureaux) parce qu’ils les perçaient de leurs dards (4). Il n’y a rien du taureau dans la figure des Centaures ; mais l’image qu’on s’en est faite, et qui tient de l’homme et du cheval, vient de ce qu’ils firent ensuite. Comme ils avaient reçu de superbes récompenses d’Ixion, ils se vantèrent beaucoup de leurs prouesses et de leur avoir, devinrent orgueilleux et insolents et commirent une foule d’excès même contre Ixion qui habitait la ville qu’on nomme aujourd’hui Larisse. Les habitants de cette contrée s’appelaient alors les Lapithes. Les Centaures furent invités à un repas chez les Lapithes. Quand ils furent échauffés par le vin, ils enlevèrent les femmes de leurs hôtes (5) et les faisant monter sur leurs chevaux les emportèrent jusques dans leurs retraites. Ils eurent donc la guerre avec les Lapithes. Ils descendaient, la nuit, dans les plaines, y dressaient des embûches, et dès que le jour reparaissait, ils emportaient leur butin en fuyant vers les montagnes. Quand ils fuyaient ainsi, on n’apercevait que les corps des chevaux et les têtes des hommes et à la vue de ce spectacle nouveau les habitants du pays disaient : « Ces Centaures descendus de La Nue nous font bien du mal (6) » et ces propos et l’aspect qu’ils offraient en fuyant devinrent l’origine de cette fable absurde, que des hommes-chevaux étaient nés de la Nue sur le mont Pélion (7).

(1) Les principales sources de cette fable qui sont parvenues jusqu’à nous sont, parmi les poètes, Hésiode qui, dans le bouclier d’Hercule, donne les noms de centaures, v. 184 et suiv., Pindare Pyth, od. II, 82, et Ovide liv. XII, métam. parmi les prosateurs, Xénophon, discours de Chrysantas, dans la Cyropédie,