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l’association qui domine, et la raison en est exclusivement dans les lois naturelles darwiniennes, selon que, dans telles conditions données, l’isolement ou l’association offrent plus d’avantages à l’espèce en question. — Si les animaux prospèrent mieux isolés, ils vivent isolés ; si l’association leur offre des avantages, ils vivent associés… Ainsi les bêtes de proie vivent généralement dans l’isolement. Le lion dédaigne la vie grégaire : c’est que la force et l’agilité du lion unies à son coup d’œil lui permettent de surprendre, de saisir et de tuer sa proie tout seul. Au contraire, les herbivores, les éléphants, etc., vivent généralement par troupeaux.

« Leur proie ne fuit pas devant eux et la vie grégaire leur offre le très considérable avantage de les soustraire aux surprises et de leur permettre la défense en commun[1]. » — « La vie sociale dans le règne animal, conclut M. Ammon, représente une institution utilitaire, déterminée par la lutte pour l’existence, développée par la sélection naturelle et conservée par l’hérédité. »

M. Ammon parcourt les divers degrés de la vie sociale animale, jusqu’à la vie sociale humaine, dans laquelle s’accentuent la différenciation et l’individualisation des fonctions, mais qui n’est pourtant, suivant M. Ammon, qu’un prolongement du pécorisme.

La philosophie sociale de M. Ammon ressemble beaucoup à celle de Spencer et le principe spencérien de l’adaptation au milieu y tient aussi une grande place. Nous ne répéterons donc pas les raisons que nous avons invoquées pour montrer l’insuffisance de ce principe.

Il professe de plus comme H. Spencer le monisme et l’optimisme social. Sans doute, il reconnaît qu’il y a lutte contre les individus et entre les sociétés diverses.

  1. O. Ammon, Les Bases naturelles de l’Ordre social, p. 40, trad. par H. Muffang (Paris, Fontemoing, 1900).