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Par une vertu singulière, la solidarité est créatrice des énergies solidarisées. « L’âme est fille de la cité. » Il y aurait à faire de fortes réserves sur les vertus sociales de la solidarité ainsi que sur la formule : « L’âme est fille de la cité. »

Examinons d’abord cette dernière. — Il faut distinguer, quand on examine les rapports de l’individu et de la cité, deux points de vue : le point de vue dynamique et le point de vue statique.

En se plaçant au point de vue dynamique, c’est-à-dire au point de vue de l’Évolution sociale envisagée dans la série de ses époques successives, il est hors de doute que l’individu contemporain peut être regardé comme la résultante des progrès sociaux antérieurement accomplis. L’éducation qu’il reçoit, la morale qui lui est inculquée, le bien-être économique dont il profite, la culture scientifique et artistique à laquelle il participe, tout cela s’est fait avant lui et sans lui. — Mais il ne faut pas oublier non plus que tout ce progrès a été en définitive l’œuvre d’initiatives individuelles, celles des grands inventeurs en tous genres, et non celle de la seule symbiose.

Celle-ci a pu préparer un terrain plus fertile et mieux disposé, où les initiateurs ont pu faire germer plus facilement la semence qu’ils apportaient ; elle a pu faciliter l’éclosion du germe fécond, mais elle n’a pas produit par elle seule l’initiative créatrice.

Si maintenant on envisage la question au point de vue statique, c’est-à-dire au point de vue des rapports de l’Individu avec la société ou le complexus des sociétés actuelles dont il fait partie, la formule : « L’âme est fille de la cité » apparaît comme tout à fait insoutenable. M. Izoulet croit que l’individu, comme être intellectuel et moral, est entièrement subordonné à cette société et qu’il lui doit tout. Mais il ne faut pas oublier que la cité formée par nos contemporains est un complexus de tendances très diverses et souvent contra-