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d’hommes vivant sous la direction d’idées semblables et avec des instincts identiques[1]. »

Une remarque importante ici, c’est que l’unité du vocable société ne doit pas dissimuler la multiplicité des groupements sociaux. On peut distinguer des formes très diverses de sociétés :

Au point de vue de leur étendue, on peut distinguer des sociétés très vastes, telles que par exemple une Église qui est ou aspire à être catholique, c’est-à-dire universelle, — une nation, — une ligue politique qui embrasse un pays tout entier, — et des sociétés très petites, telles que par exemple une commune rurale, une société de gymnastique, un syndicat de cultivateurs s’associant pour acheter à frais communs des instruments de culture. Au point de vue de leur origine, on pourra distinguer des sociétés naturelles et des sociétés artificielles. La famille est le type des sociétés naturelles. Une société d’actionnaires, un corps de fonctionnaires, une société de cyclisme sont des sociétés artificielles. Au point de vue de leur durée, on pourra distinguer des sociétés temporaires ou même éphémères et des sociétés durables. — Comme exemple de sociétés temporaires, on peut citer un syndicat de grévistes, un comité de tombola ou de bal. Une association durable sera par exemple la franc-maçonnerie qui se perpétue en se transformant pendant des siècles. Ajoutons qu’une société est rarement une. La plupart du temps, elle est un assemblage composite, une mosaïque de sociétés plus petites qui s’entrecroisent et s’enchevêtrent, de manière à former autour de l’individu un tissu de rapports sociaux plus ou moins compliqués. — Famille, cité, état, classe sociale, groupe professionnel, groupe religieux, ce sont là autant de sociétés particulières qui forment autant de couches concentriques au-

  1. Cte de Gobineau, Essai sur l’Inégalité des races humaines, p. 7.