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distinction. Les uns veulent que le dolichocéphale soit le type supérieur, les autres que ce soit le brachycéphale : les uns rattachent à un type des qualités que les autres rattachent à l’autre type.

Quelle est la relation entre la brachycéphalie ou la dolichocéphalie et la mentalité d’un individu ? C’est ce qu’on ignore. Y en a-t-il même une ? Oui probablement dans un sens très général, à savoir dans ce sens que, dans l’hypothèse déterministe, tout phénomène a une relation si indirecte qu’on le voudra avec les autres phénomènes. Le monde est une machine immense où tout est lié. Entre l’atome de poussière qui flotte devant moi dans un rayon de soleil et le scintillement bleu de Sirius, il y a un rapport de corrélation et d’interaction. — C’est dans ce sens très général, mais non vraisemblablement dans un sens plus précis, qu’il y a corrélation ou parallélisme entre la forme extérieure du crâne et la mentalité de l’individu.

La distinction de la dolichocéphalie et de la brachycéphalie ne paraît pas jusqu’ici avoir une valeur scientifique beaucoup plus solide que l’ancienne doctrine des bosses crâniennes, ou celle de l’angle facial.

« Les Grecs anciens, demande M. Tarde, étaient-ils plus dolichocéphales que les Grecs modernes ? Nous n’en savons pas grand’chose. En tout cas, il n’est pas permis de rattacher la décadence de la Grèce à la diminution de sa dolichocéphalie, l’indice céphalique apparemment n’a pas changé brusquement à partir de la conquête macédonienne[1].

Le même auteur invoque contre la distinction absolue des races la prodigieuse transformation du Japon opérée en moins d’une génération, par l’assimilation des exemples de l’Europe, depuis les armements et les vêtements jusqu’aux industries, aux arts, aux mœurs.

  1. Tarde, L’Action intermentale, Grande Revue, novembre 1900.