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Troisiémement, les matériaux modernes du républicanisme dans les membres des communes, sur la vertu desquels repose la liberté de l’Angleterre.

De ces trois pouvoirs, les deux premiers, à titre d’héréditaires, sont indépendans du peuple. Ainsi, dans le sens constitutionnel, ils ne contribuent en rien à la liberté de l’état.

Dire que la constitution anglaise est l’union de trois pouvoirs qui se font réciproquement obstacle, est dire une absurdité. Ou ce propos est insignifiant, ou il ne présente que des idées contradictoires.

En disant que les communes répriment l’autorité royale, on présuppose d’abord qu’il ne faut rien confier au roi, sans avoir l’œil sur ses actions, ou, en d’autres termes, que le desir du pouvoir absolu est un mal nécessairement attaché à la monarchie ; 2.o que les communes étant chargées de ce soin, sont ou plus sages, ou plus dignes de confiance que le premier magistrat.

Mais comme la même constitution qui donne aux communes le pouvoir de réprimer l’autorité royale en lui refusant les subsides, donne au roi le pouvoir d’arrêter l’action des communes, en lui donnant celui de rejeter leurs autres bills, elle suppose en même-temps que le roi est plus sage que ceux qu’elle a supposés plus sages que lui : or, n’est-ce pas là une véritable absurdité ?

Il y a quelque chose de singulièrement ridicule dans la composition de la monarchie ; elle commence par ôter à un homme les moyens de s’instruire, & cependant elle l’autorise à agir dans des circonstances où il faut toute la maturité du jugement. L’état d’un roi, le séquestre du monde, & cependant les fonctions d’un roi exigent qu’il le connoisse à fond ; d’où je conclus que les diverses parties de ce tout mal ordonné ne cessant de