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pensans, rien ne leur paroîtroit plus ridicule & plus absurde, abstraction faite même de la morale, que de construire des vaisseaux, de les remplir d’hommes, de les haler en plein océan, pour essayer là qui se coulera à fond le premier. La paix qui ne coûte rien, est suivie d’infiniment plus d’avantages, qu’aucune victoire qui coûte toujours cher. Mais quoique la paix réponde mieux à tout ce que se proposent les nations, elle ne remplit pas les fins des gouvernemens de cour, dont la politique habituelle est de chercher des prétextes pour mettre des impôts, créer des places & former des bureaux.

Il est encore certain, je pense, que les puissances confédérées, dont j’ai parlé, avec les états-unis de l’amérique, pourroient proposer avec succès à l’espagne de déclarer l’indépendance de l’amérique méridionale, & d’ouvrir ces contrées riches & immenses au commerce du monde entier, comme l’amérique septentrionale l’est maintenant.

Une nation qui emploie sa puissance à délivrer le monde de l’esclavage & à se faire des amis, se prépare bien plus de gloire, elle se ménage des avantages bien plus réels & bien plus solides, qu’en employant cette même puissance à augmenter les ruines, à porter la désolation & à créer la misère. Les scènes horribles que le gouvernement anglais joue actuellement dans l’inde, ne sont dignes que des goths & des vandales, qui, sans principes, saccagèrent le monde, ne sachant pas en jouir.

L’affranchissement de l’amérique méridionale, ouvriroit un champ immense au commerce ; elle offriroit aux manufactures de l’europe un débouché bien plus avantageux que l’inde, cette partie du monde est pleine de manufactures dont l’importation est nuisible aux manufactures nationales & tarit le numéraire. La balance de ce commerce, au désavantage de l’angleterre, est régu-