sonnes ont de convenir de cette réforme, fait que mille le peuvent aussi. L’essentiel, dès les premiers pas, est de découvrir le sentiment général d’une nation, & d’en faire la règle de sa conduite. Si elle préfère un gouvernement défectueux ou mauvais ; si elle préfère de payer dix fois plus de taxes qu’il n’en est besoin, elle a le droit de le faire. Tant que la majorité n’impose pas des lois à la minorité, différentes de celles qu’elle s’impose à elle-même, il peut y avoir de l’erreur & non de l’injustice. L’erreur ne peut être de longue durée. La raison & la discussion découvriraient bien vite celles dans lesquelles on pourroit d’abord tomber. En procédant ainsi, on n’a pas de désordre à craindre. Dans tous les pays les pauvres sont naturellement paisibles & reconnoissans, quand il s’agit de réformes qui ont leurs intérêts & leur bonheur pour objet. Ils ne se révoltent que lorsqu’on les néglige & qu’on les rejète.
L’attention publique est, dans ce moment, occupée de la révolution de france & de son influence sur les autres gouvernemens. De toutes les nations de l’europe, l’angleterre est la plus intéressée à cet événement. Les circonstances actuelles offrent à ces deux nations une occasion favorable de terminer des inimitiés qui leur ont fait prodiguer des trésors, sans aucun intérêt national ; en joignant leurs efforts, elles peuvent réformer le reste de l’europe. Par-là elles préviendront non-seulement l’effusion ultérieure du sang, & l’augmentation des impôts, mais, encore, elles se mettront à même, par ce moyen, de s’affranchir de ceux, qui maintenant les accablent, ainsi que je l’ai démontré. L’expérience a cependant montré que les gouvernemens qui ont vieilli dans le pouvoir, ne sont pas portés à encourager de pareilles réformes. C’est donc aux nations & non aux