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Je partage en deux classes, le dernier période de la vie. 1.o Les approches de la vieillesse que je fais commencer à cinquante ans. 2.o La vieillesse elle-même qui commence à soixante.

À cinquante ans, les facultés intellectuelles de l’homme sont en pleine vigueur ; son jugement est plus rassis qu’il n’a encore été ; mais les forces corporelles, que nécessite une vie laborieuse, sont sur leur déclin. Il ne peut résister aux mêmes fatigues que dans un âge moins avancé. Il commence à gagner moins ; il est moins en état de supporter les changemens de température, & dans un travail sédentaire où il faut de bons yeux, il sent sa vue foiblir par degrés, & s’apperçoit que bientôt elle ne lui sera plus d’aucun secours.

À soixante ans, l’impérieuse nécessité l’oblige de renoncer au travail. Le cœur saigne lorsqu’on voit, dans les pays qui passent pour civilisés, des vieillards hâter la fin de leur existence par un travail forcé, pour gagner leur subsistance journalière.

En vue d’asseoir un jugement sur le nombre des pauvres âgés de plus de cinquante ans, j’ai compté plusieurs fois les personnes de tout âge & de tout sexe que je rencontrais dans les rues de londres, & j’ai toujours trouvé que le taux moyen des vieillards, étoit d’un sur seize ou dix-sept. Si l’on m’objecte que les personnes âgées ne paraissent guères dans les rues, je répond qu’il en est de même des enfans, & qu’une grande partie de ceux qui sont déjà forts, sont dans les écoles, ou dans les atteliers. Ainsi prenant seize pour diviseur, on trouvera qu’en angleterre la totalité des personnes âgées de plus de cinquante ans, riches ou pauvres, est de quatre cens vingt mille.

Celles qui, dans cette multitude, ont besoin que l’on pourvoie à leur subsistance, seront des labou-