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les drôles.

La plaine tiède a peur du souffle âpre des monts.
Eh bien, que les mourants se couvrent les narines !
Il est des cœurs vivants et je sais des poitrines
Dont cet air libre et pur dilate les poumons.




Aussi bien, quand tout baisse et tout flotte et tout change,
Quand les chemins tracés sont perdus sous la fange,
Qu’on a pour sa défaite un mépris indulgent ;
Quand le succès est saint et seul fait des miracles,
Quand l’Honneur est un dieu qui ne rend plus d’oracles,
Quand la Lyre n’a plus qu’une corde d’argent ;

Quand l’Égoïsme prêche et brouille les cervelles,
Quand la Haine est un vin trop capiteux pour elles,
Qu’on en vient à compter ses affronts par ses jours ;
Quand l’Erreur sur les yeux a mis comme des taies,
Quand les grands sentiments sont de vieilles monnaies
Qu’on serre au médaillier et qui n’ont plus de cours ;