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coin du feu.

Le midi n’a pas d’ombre noire ;
On se souvient alors que le front a pâli.
Oublions, oublions ! Les jeunes ont l’oubli,
Comme les vieux ont la mémoire.

Si tu le veux, ce soir restons sans nous parler,
Laissons le feu languir et nos rêves aller,
Radieux, écoutant de l’heure
La voix d’argent compter les pas silencieux,
Et ta main dans ma main et tes yeux dans mes yeux…
Et tant pis pour moi si je pleure !

Puis, après bien longtemps, quand il sera si tard
Que la lampe en mourant n’aura plus de regard,
Le foyer muet plus de flamme,
Alors… eh bien… alors… avec votre agrément,
Nous nous retirerons dans notre appartement…
Plus tôt, si vous voulez, madame.