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les brumes.

La femme son regard, et son parfum la rose,
Tout, jusqu’à l’avenir, — débiteur éternel.
On n’a d’autre passé qu’un baiser maternel ;
On ne sait pas, — on croit, on a la foi profonde ;
Si hauts sont les pensers et si larges les pas,
Que la terre est étroite et que le ciel est bas,
Et l’on marche, pensant faire osciller le mondes ;
On dit : « Je veux ! » on dit : « Je serai celui-ci. »
On admire sans haine, on aime sans souci ;
Aimer ! On n’aime pas seulement, on adore :
Amour, espoir, désir, c’est un flux et reflux,
Celui qu’on a poussant celui que l’on n’a plus
Et poussé par celui que l’on n’a pas encore,
Et l’on sent qu’on fait bien et que l’on est béni ;
Le bonheur est si grand, qu’on le croit infini.
Et pourquoi, juste Dieu ! serait-il éphémère ?
Puisque le Père est bon, l’enfant doit être heureux,
Et l’on ouvre son cœur, et l’on est généreux,
Et l’on a tout : on a le monde, — on a sa mère !

Les nuages passaient dans les firmaments bleus,
La brise était leur grâce et le rayon leurs feux ;