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par d’autres mots tirés de sa propre langue. Car la nécessité, dans laquelle on se trouve parfois, de remplacer le même mot d’une manière différente, nous donne la preuve décisive de la multiplicité de ses significations.

L’emploi systématique de ce procédé nous porte à cette assertion paradoxale : qu’on n’est pas maître d’un mot, jusqu’à ce qu’on ait réussi à s’en passer, en le supprimant ou en le remplaçant !

Par ex., le mot « un » qui se trouve dans la première des deux propositions énoncées ne pourrait nous préoccuper, car nous pouvons le supprimer, tout bonnement. Mais il n’en est pas ainsi du même mot dans la seconde proposition ; on ne pourrait le supprimer et pour le remplacer il faudrait analyser les principes de l’arithmétique.


4. Pour un autre exemple, prenons le mot « sont », indicatif présent du verbe être, troisième personne pluriel.

Quelqu’un sera peut-être disposé à le placer seulement dans le vocabulaire logique ; mais, pour lui faire changer d’avis, il suffit de lui faire analyser les deux propositions :


les rubis sont rouges
les mois sont douze.

Leur ressemblance est apparente ; en effet, tandis qu’on peut mettre la première au singulier, en disant :

tout rubis est rouge


on ne pourrait pas dire :

tout mois est douze.

C’est qu’après le « sont » de la seconde proposition on peut imaginer sous-entendus tous les mots suivants :

« autant que les nombres de la succession naturelle de 1 jusqu’à 12 » ; et on voit alors, qu’en ce sens tout à fait exceptionnel, le mot « sont » doit être placé dans le vocabulaire arithmétique.

5. Mais allons feuilleter le livre de géométrie dont j’ai parlé au commencement. J’y lis :


cette droite passe par le point donné.

Placerons-nous le mot « passe » dans le vocabulaire géométrique ? mais, puisqu’ici on peut l’éviter en disant :