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recevait, sur ses vers, sur ses travaux poétiques, sur sa tragédie refaite, des louanges qui l’enflammaient. Cette pièce fut jouée, et sa chute, l’une des plus mémorables du dernier siècle, fut très-sensible à l’auteur abusé.

Ma mère, bonne, sage, et surtout très-éclairée, voulut dégoûter mon père de la carrière dans laquelle il s’était si imprudemment engagé. Il résista, et assura qu’avant un an un plein succès le dédommagerait de ses peines et aussi de ses dépenses excessives ; car il faut dire que plus de deux mille écus avaient été risqués en fêtes, repas, cadeaux, pour préparer et assurer le succès de cette malheureuse pièce, qui n’avait eu qu’une existence de trois quart-d’heure : et quelle existence ! ou plutôt quelle honteuse apparition !

La leçon était forte ; elle pouvait profiter ; ma mère avait parlé avec douceur,