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HARRISSON LE CRÉATEUR

Une longue séance fut consacrée à la publication officielle de l’acte d’accusation : document considérable qu’un haut-parleur fit connaître au monde entier.

La défense avait fait citer une cinquantaine de personnes appartenant à toutes les classes de la société. La plupart ne savaient rien de l’attentat, ou du moins rien de plus que ce qu’en avaient donné les Nouvelles Générales. Mais chaque témoin venait faire, au profit de tel ou tel accusé, une plaidoirie sentimentale. Certains placèrent des discours politiques qui n’avaient aucun rapport avec le procès.

Un publiciste de la dernière heure, vaniteux et taré, agent électoral du parti parallèle, osa faire une apologie directe de la violence révolutionnaire. Il fut arrêté. Les leaders politiques des parallèles manœuvrèrent aussitôt. Des grèves partielles éclatèrent simultanément et, pendant vingt-quatre heures, plana sur le monde la menace d’une démission collective des sous-agents de la météorologie et des transports.

À vrai dire, il n’y avait là pour le moment qu’un bluff ; mais le symptôme n’en était pas moins inquiétant. Le Conseil Suprême, abandonnant sa politique de temporisation, imposa son autorité avec une rudesse quelque peu oubliée. Ce fut un branle-bas inattendu de la défense sociale. La police active reçut des armes nouvelles et de sévères instructions ; les forces de réserve durent se tenir prêtes à intervenir au premier appel. Enfin, une censure rigoureuse filtra toutes les communications des Nouvelles Générales.

Surpris par cette résistance énergique, les agitateurs baissèrent pavillon. Il y eut des frémissements de colère parmi les foules sincères, mais les esprits,