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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

voyageurs étaient tenus, en fait, à une déférence très humble, la loi, du moins, ne sanctionnait pas les manquements à l’usage.

Aussi les esprits demeuraient-ils fort échauffés, d’autant plus que des élections générales étaient proches. Une grève de sous-agents venait d’éclater, et l’on craignait en haut lieu que des meneurs ne vinssent troubler par quelque manifestation saugrenue la sérénité des fêtes données en l’honneur d’Avérine, fêtes auxquelles, grâce au cinétéléphone, le monde entier pouvait assister.

L’autorité centrale avait donc pris ses précautions. Des brigades aériennes, pourvues de rapides avions à moteur indépendant, faisaient d’incessantes patrouilles dans les hauteurs de l’air. Les zones de forces étaient étroitement gardées, la gare voisine occupée.

Selon le vœu d’Avérine, les organisateurs s’en étaient tenus à la plus stricte simplicité. En moins de deux jours, les employés des constructions provisoires avaient élevé de vastes bâtiments métalliques, dans une prairie au sol préalablement vitrifié.

Le Congrès s’ouvrit à une heure de l’après-midi sous la présidence du Grand Chancelier académique, représentant du pouvoir suprême. Avérine occupait une haute tribune ; autour de lui, ses familiers, quelques étudiants et le petit groom des express aériens qui promenait sur l’assistance des regards hardis et rieurs.

Mille personnes avaient trouvé place dans la salle.

Une sonnerie se fit entendre : aussitôt tous les assistants se levèrent et le silence s’établit. À la même minute, dans le monde entier, on se prépa-