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UNE GENÊSE

La fureur alluma les yeux d’Éléoum et fit bourdonner sa poitrine. Monté sur Ouhin, il mena sa troupe à grande vitesse, derrière les longs-nez qui, suivant un fil droit, bondissaient, sûrs de leur route.

Au lever du jour, l’ennemi fut en vue. La créature verticale avançait lentement ; comme toutes les autres, elle marchait vers la tribu lointaine. Elle n’était pas seule : un fort clan de chiens fauves l’accompagnait.

Les chasseurs hésitaient ; mais Éléoum fit tournoyer le marteau rouge et tous s’élancèrent en hurlant. La créature verticale s’était arrêtée ; ses chiens firent front, prêts à bondir, le cou tendu et gonflé d’abois furieux.

Le premier choc fut terrible ; presque tous les chiens roulèrent sur le sol. Les courtes-oreilles, moins nombreux, avaient le dessous, mais Ouhin vint à leur secours, et la massue des hommes broya les mâchoires fauves.

Éléoum était allé droit au principal ennemi. C’était une femme, plus vieille que la plus vieille de la tribu. Des cheveux blancs emmêlés tombaient sur son dos maigre, et il n’y avait pas de chair sur les os de ses membres. Elle paraissait sans force, mais ses yeux étaient effrayants. Éléoum avait combattu les hommes et les bêtes les plus féroces ; jamais cependant ne s’était posé sur lui de regard semblable et jamais il n’avait vu de grimace comparable au rictus de cette bouche sans dents.

La femme portait une arme brillante, longue et frêle. Comme elle levait le bras, Éléoum craignit le feu du tonnerre. Mais le feu ne naquit point, et le chasseur poussa son cri de victoire.

Or, la femme, heurtée par Ouhin, tomba. Éléoum,