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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

hagarde et féroce. Pleins de ruse, ils parvenaient souvent à dépister les chiens. Quelques-uns, porteurs d’armes légères mais qui mordaient cruellement, livrèrent combat, luttèrent jusqu’à la fin, désespérément. Une femme qui créait, au bout de son bras, le feu terrible du tonnerre, décima, avant de succomber, la troupe d’Éléoum.

Puis les rencontres se firent moins fréquentes et moins dangereuses. Depuis la fin de la première lune, les chasseurs n’avaient abattu que des étrangers aussi inoffensifs que Moûh le jeune ou Bêê lui-même.

Maintenant, le passage des hommes secs semblait avoir pris fin. Trois fois, déjà, Éléoum était allé, sans rien voir, jusqu’au bord lointain du ciel.

Cette chasse serait la dernière avant les fêtes du soleil et de l’amour ; car, après de lentes pluies, revenait la saison des jours luisants et la tribu retrouvait son ardeur à vivre…

Les oiseaux apeurés et les quadrupèdes fuyards partaient au nez des éclaireurs. Tout à coup, il y eut un aboiement rauque : la ligne des chiens flotta, les hommes tressaillirent… Un jeune long-nez suivait un fil d’odeurs ; il le perdit presque aussitôt. Les autres éclaireurs, ayant rallié, ne trouvèrent là que les lourds effluves d’un troupeau d’herbivores. Ils corrigèrent le jeune fou qui s’était ainsi trompé et regagnèrent leur poste.

Les chasseurs marchèrent jusqu’à la chute du soleil. À l’orée d’un bois, ils créèrent le feu, et la chair d’un grand herbivore apaisa leur faim. Puis ils dormirent sous les arbres.

Avant l’aube, ils se dressèrent, pleins d’inquiétude : les veilleurs éventaient l’homme sec !