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UNE GENÊSE

bientôt dans un bois où deux hommes très vieux et dont le temps avait fondu la chair, caressaient doucement l’enfant et pleuraient de joie.

Oréa était seul avec le long-nez et jamais il n’avait combattu les êtres de sa race. Il eut peur et revint vers la tribu. Les cris des femmes montèrent contre lui ; les mâles, angoissés, ne bougeaient point.

Alors Éléoum, le jeune fils aux yeux de braise dont la turbulence avait déjà, plus d’une fois, inquiété la tribu, Éléoum se leva d’entre les chasseurs. Il alla vers les vieux hommes du bois et les tua. Quand il eut déposé l’enfant au seuil de la grotte, il prit, des mains d’Oréa son père, le marteau de commandement.

Dès le lendemain, d’autres hommes furent éventés. Les anciens voulaient fuir, mais Éléoum, rassemblant les mâles les moins apeurés, les mena contre les étrangers.

La chasse durait depuis deux lunes. Depuis deux lunes, dans cette région où, pendant si longtemps, la tribu avait vécu ignorée, des hommes arrivaient de tous les points de l’horizon.

C’étaient des hommes secs, plus vieux que Bihihi, des femmes plus courbées que Hahâ. Ils venaient lentement, isolés ou par petits groupes, quelquefois avec des chiens. Ils venaient péniblement ; et cependant rien ne les arrêtait ! Une volonté mystérieuse semblait guider leurs pas dans la direction de la tribu. Ils marchaient vers le but de leur vie.

Les premiers qu’Éléoum attaqua ne se défendirent point ; ils ne cherchèrent pas davantage à s’enfuir et moururent avec des yeux extasiés. Plus tard, il en vint dont la mine était, au contraire,