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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

pansait les éclopés, et elle apprenait aux enfants des chants et des jeux.

Au flanc de la montagne, elle enfanta plusieurs fois. Elle eut Nouhou, un mâle, puis deux filles, Voho et Ruhi. Vers le temps de la naissance de Ruhi, Samuel imposa à Bow vieillissante l’alliance avec Ouhin le cheval.

Et Samuel mena la chasse très vite et très loin.

Il lui arriva, un jour, de pénétrer dans une étroite vallée où un clan de chiens-loups poursuivait Horoho le noir. Samuel, monté sur Ouhin, frappa de son marteau les chiens-loups ; il y eut une terrible bataille. La tribu vainquit, mais non sans pertes douloureuse. Bow périt, ainsi que plusieurs de ses fils les plus ardents.

Les chiens-loups, de loin, suivirent leurs vainqueurs et, le lendemain, leurs hurlements menaçants se firent entendre au pied de la montagne. Ils s’établirent dans la vallée, barrant ainsi la route de chasse. Nombreux, patients, pleins de haine, ils assiégèrent la tribu, attaquant tous les isolés. Les expéditions lointaines devinrent impossibles. Or, depuis l’arrivée des chiens-loups, la région se dépeuplait. Horoho était introuvable ; Moûh s’éloignait vers d’autres pâturages, ses mâles redoutables protégeant les petits.

La tribu, affamée, descendit de la montagne, livra bataille et passa. Ouhin portait les enfants et on avançait vite. Mais les chiens-loups suivaient toujours. Il fallut encore se garder, combattre, et celui qui s’écartait ne revenait pas. Une imprudente fureur causa la mort de plus d’un fils de Bow.

Samuel cherchait des ruses.

Il attira les ennemis sur une vaste savane et, quand le vent accourut en face de la tribu, il créa