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LA MÊLÉE

la terre, monta, grandissante de minute en minute.

— Harrisson ! sauve tes frères !

Harrisson se taisait. Il savait combien était chimérique l’espérance que l’on mettait en lui. La science ne pouvait plus sauver la civilisation… Depuis plusieurs jours déjà, il voyait ses prévisions les plus pessimistes dépassées. Le sentiment de son impuissance l’écrasait et aussi le sentiment de ses responsabilités lointaines.

— Harrisson ! Hâte-toi !… Le temps presse ! Nous allons mourir !…

Il consulta du regard ses confrères. Takase, immobile, conservait son étroit sourire. Les autres s’approchèrent, se pressèrent autour du maître. Ils disaient :

— Montre-toi et parle !

Comme lui ravagés d’angoisse, plus pâles après chaque clameur, ils répétaient :

— Montre-toi et parle aux hommes !

— Que leur dirais-je que vous ne leur ayez déjà dit ? Or, vos paroles n’ont-elles pas été vaines ?

Ils répondirent :

— C’est toi qu’ils appellent !… Ils ne mettent leur confiance qu’en toi seul !

Et l’un des Américains dit encore, d’une voix haletante et brutale :

— Parle !… car, parmi nous, c’est toi le plus grand coupable.

Harrisson hésitait encore. Les autres, autour de lui, donnaient fiévreusement leurs conseils contradictoires.

— Sois le dictateur !… Rassemble plutôt les principaux meneurs des méridiens et des parallèles !… Fais détruire les zones… Non ! Non !… Il faut essayer