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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

La riposte vint d’un laboratoire inconnu, immédiate et terrible. La sommation arrogante des parallèles était à peine lancée, qu’une invasion féerique atteignait l’Australie occidentale. Les zones méridiennes demeurèrent indemnes, mais les systèmes éthérés pullulèrent suivant le tracé parallèle, gagnant jusqu’aux dernières ramifications du réseau secondaire.

Dans la même région, six heures plus tard, un second féerique naquit, frappant, cette fois, les méridiens à l’exclusion des parallèles.

Dès lors, l’humanité perdit le contrôle de ses actes…

Il ne semblait pas que l’on pût attribuer au désir de vengeance ou à la vanité guerrière, ou même à la passion politique, les offensives insensées qui se succédaient sans répit et dans toutes les directions, du fait de physiciens isolés ou de fonctionnaires subalternes des laboratoires. C’étaient bien plutôt des gestes de panique, les réflexes violents d’hommes forts qui, menacés d’étouffement au milieu d’une foule, dans un lieu sans issues, se ruent, piétinent les faibles pour la satisfaction dérisoire de mourir les derniers. Affolés, les nerfs à bout, sentant venir sur les leurs des calamités effroyables, des malheureux, jusque-là pacifiques, frappaient désespérément, cherchaient à faire le vide autour d’eux en libérant la puissance diabolique des éléments nouveaux.

Ce fut, dans le monde entier, une éclosion continue de féeriques. Des milliers de systèmes, visibles ou invisibles, peuplèrent les zones, élisant, suivant le choc initial, les parallèles ou les méridiens.

Quelques-uns, de portée restreinte, n’exerçaient leur action qu’au voisinage immédiat des lignes ;