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LA MÊLÉE

orienter suivant les parallèles exclusivement, ou suivant les méridiens.

Les physiciens des deux partis trouvèrent la solution et, par malheur, ils la trouvèrent à peu près au même moment.

Ce fut cependant une intervention des météorologistes qui fit entrer la guerre dans sa phase finale. Un de leurs ingénieurs, Australien du parti parallèle, avait découvert le moyen de diriger à grande distance des brumes invisibles formées de corpuscules infiniment petits, infiniment instables, dont il provoquait à volonté la désintégration instantanée. Après quelques tentatives infructueuses, l’Australien réussit un coup de maître. Par une nuit sombre, une immense escadre méridienne qui se dirigeait à toute vitesse vers les régions australes où avait été signalé un rassemblement ennemi, rencontra sur son chemin, au-dessus de l’océan, une de ces étranges nuées. Lorsque tous les appareils furent engagés dans la zone dangereuse, l’atmosphère fit explosion ainsi que des quantités considérables de substances radioactives transportées par l’escadre. Le dégagement de chaleur fut prodigieux ; de formidables météores atteignirent les limites de l’atmosphère terrestre. En moins d’une seconde, l’escadre avait été anéantie.

La situation mondiale était trop confuse pour que le parti parallèle pût proclamer hautement sa victoire. Cependant, quelques chefs, s’arrogeant le droit de parler au nom de tous, sommèrent ceux qu’ils appelaient « les rebelles » de se soumettre sans délai. L’ingénieur australien annonçait qu’il était à même d’intervenir, par un procédé analogue, dans la guerre terrestre, et que, dès qu’il lui plairait, il anéantirait méthodiquement, sans risques, tous les alignements méridiens.