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LA MÊLÉE

L’Afrique, cependant, servait encore de champ clos ; là, en effet, se heurtaient, plus âprement qu’ailleurs, les deux grands partis qui se partageaient la planète. De jour en jour, les rivalités nationales perdaient de leur importance ; chaque gouvernement parlait, non point au nom de tout un peuple, mais au nom du parti au pouvoir. Aussi, malgré l’enchevêtrement des intérêts et des passions, on assistait à la formation de deux camps nettement opposables dont les fluctuations incessantes de la politique modifiaient d’ailleurs les contours : d’un côté, les puissances parallèles dont les Américains du Sud et les Australiens étaient les champions les plus entreprenants ; de l’autre le bloc méridien, moins important en apparence, mais plus compact et soutenu chez l’adversaire par des minorités grandissantes.

Pour chaque groupe, la restauration des régions dévastées n’était plus qu’un prétexte à des tentatives de domination.

Des rixes éclataient, particulièrement fréquentes en Afrique. Des accidents mystérieux se produisaient dont les causes n’étaient point passionnément recherchées par les gouvernements responsables.

Et, cependant, le ton des conversations diplomatiques demeurait, sinon courtois, du moins à peu près correct… Il n’était question que de justice, d’arbitrage, de droit des gens ! Une prudente hypocrisie masquait la rudesse des intentions. Le cataclysme qui venait d’ensanglanter l’humanité était trop proche, ses effets trop visibles encore, pour qu’on osât parler de guerre. Personne ne souhaitait sciemment la guerre. Aucun gouvernement n’eût songé à en assurer l’effroyable respon-