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LA MÊLÉE

ses ruines, la population demeurait indifférente à ce changement de maîtres.

En Afrique du Nord, l’entreprise fut un peu plus difficile. La question religieuse la compliqua dès l’abord. Des îlots musulmans se formèrent, qui recevaient comme à regret les secours de l’étranger et qui s’isolaient le plus possible du reste du monde. D’autre part, le voisinage immédiat de la république parallèle d’Europe occidentale gênait les menées méridiennes. L’Espagne et l’Italie du Sud se détachaient de la masse africaine. Les émigrés ne contrôlèrent véritablement que la zone méridionale des territoires lahoristes. La nation africaine du Nord s’était émiettée.

Cependant, les émigrés du Sud assuraient leur domination. À peine formé, le nouveau gouvernement avait donné à sa politique une orientation inquiétante.

Le triumvirat se tenait en constante liaison avec les dictateurs méridiens étrangers et il en recevait directions et subsides. La commission législative avait mis sur pied une constitution calquée sur la constitution de l’Europe orientale et qui devait permettre à l’autorité méridienne, centralisée à l’extrême, de s’imposer durement aux masses parallèles. Enfin, les meneurs sudistes ne cachaient pas leur intention de tendre la main aux émigrés du Nord pour remédier, disaient-ils, à l’anarchie où la société lahoriste avait sombré.

Tout cela demeurait encore à peu près théorique, mais la tyrannie méridienne n’en menaçait pas moins le continent africain et même le monde entier par la constitution projetée d’un bloc solide et continu dont le centre géographique serait l’Europe orientale.