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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

en sa faveur. Harrisson refusa. Sa tâche d’immédiate préservation terminée, il ne songeait qu’à rentrer dans l’ombre.

Le 1er septembre, à bord d’un modeste avion privé, il quittait seul, presque furtivement le 4.48.

Aussitôt arrivé au Refuge, il rompit toute communication avec les Nouvelles Générales, refusa catégoriquement de recevoir les visiteurs.

Après ces jours de labeur et d’angoisse, il éprouvait une immense lassitude et une tristesse profonde. Le danger, si hautement et si vainement dénoncé, venait d’apparaître à tous les yeux. Et, bien que le fol héroïsme et l’imprudente férocité des hommes fussent momentanément apaisés, il rôdait toujours à l’horizon proche.

Harrisson se laissa conduire au laboratoire souterrain où Lygie avait à lui faire constater des résultats remarquables.

Il eut, vers les délicats appareils qu’en une heure de clairvoyance désespérée il avait voulu anéantir, un long regard chargé de rancune et d’amour.

À présent, il importait peu que ces redoutables merveilles fussent détruites. D’autres physiciens s’étaient élancés hardiment sur la voie secrète ; ils allaient rejoindre Harrisson, peut-être même le dépasser.

En vérité, il ne restait plus beaucoup de chances de salut ; le danger était si complexe, il pouvait prendre des formes si variées, si inattendues, atteindre de si folles proportions, qu’il serait bien difficile de mettre toujours le remède à côté du mal. L’arme offensive l’emportait décidément sur le bouclier.

Et Harrisson, songeant à une reprise possible des hostilités, murmura, les épaules accablées :