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LA MÊLÉE

Et c’était, par certains charniers, une hallucinante gesticulation de larves. Des têtes se détachaient, des troncs basculaient ; des membres difformes, élargis en massues ou ramifiés comme des branches, se dressaient lentement. Des rubans de substance plastique sortaient des cadavres et coulaient comme d’insidieux reptiles ; d’étranges, filaments s’assemblaient en chevelures multicolores. Des lueurs effrayantes rôdaient ; au fond des yeux vitreux s’allumaient de tremblantes étoiles vertes.

Ailleurs, les cadavres se décomposaient avec une rapidité inouïe. En quelques minutes, les chairs étaient entièrement liquéfiées ; et, la nuit venue, chaque squelette, entouré d’un large halo, semblait flotter sur une eau blafarde.

La population survivante était, encore une fois, frappée de stupeur. Les dirigeants des deux partis paraissaient désorientés. On n’employait plus les armes de choc ni les gaz toxiques. Seuls, les physiciens continuaient la lutte. Quelques-uns d’entre eux commençaient à acquérir une certaine virtuosité dans le maniement des éléments nouveaux. À partir du 20 août, le nombre des créations féeriques s’accrut considérablement. Leurs effets continuaient à dérouter toute prévision. Le 22 août, en Afrique du Sud, on vit évoluer un grand nombre de systèmes d’importance médiocre et dont l’influence sembla nulle. Mais, le lendemain, on constatait, chez les populations exposées au rayonnement, des troubles nerveux ou psychiques infiniment variés et très graves : paralysies partielles ou totales, aberrations des sens, hallucinations, phobies diverses, crises d’hilarité ou de terreur, folie ambulatoire ou lubrique, délire furieux.

Et, pendant ce temps, les grands politiques