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LA MÊLÉE

d’animaux ; tous les vertébrés, à l’exception des mammifères, étaient exterminés. Quant aux végétaux, à mesure que le soleil montait, ils laissaient pendre leurs feuilles, des feuilles racornies et noires qu’on eût dites touchées par un incendie. Chez les hommes, il y eut quelques décès soudains, quelques cas de cécité ; mais, généralement, les dommages furent médiocres ; ils se bornèrent le plus souvent à de cuisantes dermites.

Ce n’était là qu’un avertissement.

Le soir du même jour, suivant le méridien 20, quatre féeriques actifs apparurent simultanément, nés de la même chiquenaude, mais différents par leur mode d’évolution et par leurs effets. Le lendemain, il s’en forma des centaines.

Ils peuplaient comme des parasites toutes les lignes principales d’énergie et se développaient presque toujours dans la basse atmosphère. Quelques-uns demeuraient invisibles, mais beaucoup d’autres se manifestaient par des phénomènes lumineux très variables. On voyait souvent apparaître des nébuleuses bleues ou violettes, assez semblables d’aspect aux nuées artificielles colorées dont les météorologistes, depuis longtemps, savaient peupler le ciel pour l’agrément des fêtes nocturnes ; ou bien c’étaient des anneaux de brume verdâtre montant du sol à la façon d’innombrables feux follets, ou bien un nimbe argenté, un rayonnement vif autour d’un sombre noyau central, ou bien encore une longue comète flottante. Plus rarement, un immense serpent lumineux s’enroulait sur l’axe imaginaire d’une zone d’énergie, une boule de feu roulait capricieusement, cahotée sur les chemins du ciel et disparaissait dans une apothéose éblouissante.

Presque toujours, le phénomène provoquait des