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LA MÊLÉE

belligérants utilisaient largement l’énergie du réseau général. Des torpilles de modèles nouveaux faisaient chaque jour leur apparition. Les avions montés ne se groupaient plus en formations denses mais une poussière d’escadrilles tenait l’air. Et tout cela bombardait, foudroyait, incendiait ou empoisonnait.

Des isolés risquaient l’atterrissage en pays ennemi, lorsque s’offrait à eux quelque belle occasion de massacre. Des femmes réussissaient souvent cet horrible exploit : déguisées en infirmières, elles se mêlaient aux foules, pénétraient par ruse dans les grottes mal gardées où elles semaient de minuscules engins à désintégration explosive.

Les travaux étaient complètement interrompus ; rien n’arrivant plus des pays neutres, les vivres s’épuisaient rapidement. Une mortalité effrayante frappait les faibles, les enfants, les vieillards. Au 15 août, la moitié de la population avait disparu ; le nombre des victimes atteignait deux cents millions.

À cette date, Harrisson annonçait à l’Académie de physique qu’il touchait au but : on pouvait désormais, sans grands risques, neutraliser complètement, pour une période assez longue, le secteur africain du réseau général.

Il fallait malheureusement, pour cela, obtenir la collaboration active des différents services nationaux. Les dictateurs méridiens d’Europe orientale et d’Asie demandèrent alors de nouvelles expériences, des garanties supplémentaires. Leur évidente mauvaise volonté fit perdre un temps précieux que les belligérants mirent diaboliquement à profit.

Ce fut à ce moment, en effet, que la guerre prit