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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

de tous les services universels dont il devenait impossible d’assurer la sauvegarde.

L’avertissement d’Endémios rendait un son particulièrement inquiétant.

Le tribun du Sud mettait au compte des Lahoristes des actes de férocité épouvantables ; s’il n’annonçait pas explicitement des représailles, il laissait entendre que l’on pourrait être amené à employer, contre de pareils barbares, des moyens de défense énergiques et imprévus. Et il invitait les universels à se retirer dans un délai de douze heures.

On crut à une manœuvre d’intimidation visant les Lahoristes ; mais Endémios renouvela son avertissement en termes très pressants, en même temps qu’il accordait un second et dernier délai.

Beaucoup d’agents internationaux quittèrent l’Afrique en toute hâte.

Dès le lendemain, comme de nouvelles bandes lahoristes accouraient, par les chaussées du Nord, renforcer les massacreurs de la frontière, les Sudistes portaient un coup inattendu et formidable…

Depuis le début de la guerre, peut-être, ils préparaient cette surprise. Tous leurs postes météorologiques, conjuguant leurs efforts suivant un plan étudié dès le temps de paix, s’étaient rendus maîtres des courants atmosphériques. Par leurs soins, un vent régulier de surface soufflait des sylves équatoriales vers les régions désertiques et surchauffées du Nord. Le 12 juillet, le vent grandit tout à coup ; malgré la sécheresse de l’air, un étrange parfum de verdure mouillée devint perceptible dans la zone frontière… D’un océan à l’autre, à la même seconde, des batteries chimiques s’étaient démasquées automatiquement, et elles livraient au vent des gaz