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LA MÊLÉE

cause du fracas des explosions qui sortaient des écouteurs, elle criait :

— Mais que fait donc la police universelle ?… Mais que fait donc le Conseil Suprême ?… Il faudrait des ambulances… et, avant tout, qu’on sépare ces bandits !… Qu’on les sépare !

Elle tremblait, les yeux pleins d’horreur, et se tordait les bras.

Harrisson tourna l’obturateur : le drame parut s’atténuer dans le lointain ; on n’entendit plus qu’un bruit continu et sourd, semblable au roulement d’un orage naturel fuyant à l’horizon. Mais, sur l’écran, l’affreux spectacle s’offrait toujours à la vue. Et Lygie répétait, haletante :

— Mais que fait donc le Conseil Suprême ?… Ne finira-t-on pas par envoyer les universels ?…

Harrisson eut un geste navré.

— Que peut à présent le Conseil Suprême ? Et la police que vaut-elle ?… Les universels ne sont pas sûrs…

Il manœuvra encore les manettes, cherchant la communication avec les régions les plus populeuses des pays belligérants. La rumeur des foules remplaça le bruit des explosions. De toute part, on se préparait à la lutte. La bataille de la frontière n’était qu’une échauffourée de partisans engagés à l’étourdie, mais la grande œuvre de destruction allait commencer, pour laquelle on utiliserait méthodiquement toutes les forces de la nature, tout l’héroïsme des hommes, toutes les ressources de leur imagination diabolique.

Les centrales clandestines appelaient leurs ingénieurs ; des machines de guerre sortaient d’arsenaux invisibles, probablement souterrains ; des postes mobiles de météorologie, considérablement