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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

mais la plupart des alignements étaient détruits. Il n’y avait à terre ni vainqueurs ni vaincus ; seulement des morts, des blessés hurlants, quelques fuyards à demi fous.

Sur l’écran, d’espace en espace, des taches apparaissaient, blanches, vides, marquant la place de régions où toute communication était interrompue avec le reste du monde, où toute trace de civilisation avait déjà disparu.

La mêlée des avions embrasait le ciel. Des milliers d’appareils venaient des horizons opposés se jeter dans la bataille. Dans la fièvre de ce premier choc, on ne songeait point à lancer sur l’ennemi les engins automatiques. Tous les avions étaient montés, manœuvrés directement par de courageux pilotes. Le sang âcre des anciens barbares bouillonnait aux artères des combattants.

Une immense nuée d’oiseaux féroces flottait au-dessus des terres dévastées. On voyait des avions de toutes formes et de toutes dimensions, depuis les fragiles libellules de plaisance jusqu’aux aérobus déclassés des Transports Généraux, depuis les lentes voitures de famille jusqu’aux machines de sport, étroites et fines, dont l’équilibre n’était sûr qu’à des vitesses vertigineuses. Les véritables avions de combat, pilotés par les miliciens nationaux, n’étaient ni les plus nombreux ni les plus actifs ; les partisans dépensaient un héroïsme désordonné.

L’acharnement était tel qu’il semblait que nul ne dût s’échapper. Au premier choc, les formations adverses fondaient comme cire, et la bataille se fût rapidement terminée n’eût été l’arrivée incessante de renforts.

Lygie avait rejoint Harrisson. À tue-tête, à