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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

couvert de cadavres déchiquetés et noircis. Quelques fuyards, Musulmans ou Sudistes, miraculeusement saufs après cet écroulement du ciel sur leur tête, couraient au hasard, haletants dans l’atmosphère suffocante.

Les avions étaient déjà en nombre considérable. Il en arrivait d’autres de tous les points de l’horizon : policiers nationaux ou promeneurs disposant de moteurs indépendants et d’armes clandestines. Au premier moment, les pilotes n’avaient songé qu’à prendre part à la bagarre terrestre ; les uns avaient ravagé l’alignement sudiste, les autres anéanti les bandes lahoristes. Maintenant, cette besogne facile accomplie, ils s’affrontaient en plein ciel, au-dessus des fumées de l’incendie.

L’absence de toute discipline, la diversité des appareils et l’hétérogénéité de l’armement rendaient la lutte confuse. Ce n’étaient que duels singuliers, accrochages de hasard, feintes traîtresses, surprises. Quelques policiers, disposant d’interrupteurs à grand rayon, précipitaient au sol les appareils de modèle ancien, facilement déréglables. Mais nombre de partisans avaient des appareils perfectionnés, rebelles aux influences ordinaires et d’une formidable puissance offensive.

Beaucoup s’entouraient de nuages opaques d’où ils surgissaient à l’improviste, lançant la foudre par tous leurs hublots. D’autres montaient au zénith et quand ils avaient choisi leur proie, ils se laissaient choir à une vitesse folle, crachant au passage une bordée de minuscules torpilles à désintégration explosive qui pulvérisaient l’adversaire.

Au bout de dix minutes de combat, les trois quarts des appareils étaient allés s’écraser au sol ou bien s’étaient émiettés dans l’atmosphère. Per-