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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

l’acharnement avec lequel le parti méridien avait combattu le fédéralisme, ne furent pas les dernières à s’organiser ni à manifester une arrogante méfiance à l’égard des contrées voisines. Très vite, le pouvoir s’y trouva concentré, en droit comme en fait, entre les mains d’un dictateur qui fut, pour l’Asie centrale, un jeune ingénieur des Transports Généraux et, pour l’Europe orientale, un grand agriculteur des Terres Noires.

Nulle part ailleurs, les assemblées ne consentirent ouvertement à une telle abdication. Plusieurs régions se donnèrent un gouvernement calqué, dans ses grandes lignes, sur le gouvernement universel. D’autres adoptèrent un régime beaucoup moins stable, comportant des élections mensuelles ou hebdomadaires. L’Amérique centrale, enfin, institua le véritable gouvernement du peuple par le peuple, sans mandataires interposés ; le Parlement s’y réduisit à une permanence où quelques fonctionnaires élus, se relayant d’heure en heure, surveillaient la publication des discours politiques, enregistraient les votes journaliers et transmettaient aux agents d’exécution les ordres populaires.

En réalité, malgré la diversité des constitutions, la direction des affaires passait partout aux mains d’une oligarchie téméraire. La plupart des députés au Parlement mondial faisaient également partie des assemblées nationales. L’influence des grands chefs était prépondérante. Lahorie s’était fait nommer consul à vie en Afrique du Nord. Endémios, au contraire, avait refusé tout mandat en son pays ; mais, régent des Nouvelles Générales, disposant de moyens d’action mystérieux près du Conseil Suprême, il était un des maîtres de l’heure et, en Afrique du Sud, son autorité, pour