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LA MÊLÉE

davantage être question de frontières naturelles ; ni les fleuves, ni les montagnes, ni les glaces des pôles, ni même l’immensité des océans ne séparaient véritablement les hommes. Enfin il était difficile de créer un nombre trop considérable de subdivisions sans dissocier certains groupements existant déjà.

On partagea donc la surface de la planète en douze régions ou patries, d’importance sensiblement égale et correspondant à peu près aux groupements ethniques les plus récents et les mieux caractérisés.

Les frontières en furent marquées par des zones d’énergie du réseau principal : frontières rectilignes et visibles dont la fixité semblait devoir écarter toute contestation ultérieure. Il y eut trois régions en Amérique, deux en Europe et en Afrique, quatre en Asie, une en Océanie. On partagea, de la même façon, les mers et l’atmosphère en zones d’influence.

Personne, parmi l’élite, ne réclamait encore, pour ces régions, l’autonomie complète. Un pouvoir central, dont le rôle demeurerait de coordination, semblait toujours nécessaire ; nécessaire aussi le maintien de certains services mondiaux essentiels : production et distribution de l’énergie, cinétéléphone, transports généraux. Il était même utile de conserver un comité central de la météorologie et, sous certaines conditions, une police internationale.

Mais, dans ce large cadre d’organisation universelle, chaque patrie pouvait choisir son gouvernement, réglementer la production, les échanges, l’enseignement, l’hygiène, les mœurs, les fêtes, vivre enfin d’une vie singulière.